Révolution au Japon... Par Valentin

Publié le par pleindactu

Kanako-lesbienne-jap.jpegC'est la révolution politique du moment au Japon. Pour la première fois dans l'histoire du pays, une lesbienne déclarée brigue un siège de parlementaire. Sa candidature, dans les élections sénatoriales du 29 juillet, a été endossée par la principale formation d'opposition, le Parti démocrate. Son petit bureau électoral est situé dans une ruelle au coeur du quartier de Nichome dans l'arrondissement de Shinjuku, à Tokyo, où se concentrent quantité de bars gays. Kanako Otsuji entend être la "voix de toutes les minorités sexuelles". Championne de karaté et de taekwondo, elle apparaît sur ses affiches électorales en tenue de combat. "Les gays, hommes ou femmes, hésitent à se déclarer comme tels", dit-elle. L'union civile homosexuelle n'est pas reconnue par la loi au Japon.

A l'absence de droits pour les couples homosexuels s'ajoute une véritable discrimination. C'est pour donner du poids à sa revendication de tolérance que la jeune femme s'est "mariée" avec sa compagne même si elle reconnait trouvé cela un peu ridicule...
Elle explique que "La famille - un couple et des enfants - reste le modèle idéal du "noble Japon" prôné par le premier ministre, Shinzo Abe. Or, aujourd'hui, au Japon comme ailleurs, existent différents types de familles, et ceux qui ne veulent pas se conformer au modèle admis sont discriminés. On doit pouvoir être gay sans devoir se cacher à la nuit tombée dans les bars."

Le plus important pour la société japonaise est de ne pas troubler l'ordre social. Tout ce qui peut amener le désordre est mal vu. Cela ne signifie pas qu'on est pas libre au Japon, simplement l'affirmation d'une différence ne doit être ni trop apparente ni revendiquée. La Gay Pride n'a pas connu au Japon le succès qu'elle a chez nous. Mais aucun interdit religieux, ou anathème moral ne frappe l'homosexualité. Le plus paradoxal dans la situation des gays au Japon est que la tradition homosexuelle existe chez les hommes depuis des millénaires. Le lesbianisme a toujours été plus discret. Il est représenté dans les estampes érotiques, mais il n'a été nommé spécifiquement et problématisé qu'au début du XXe siècle. Aujourd'hui, Internet facilite les rencontres des lesbiennes. Leur activisme identitaire a débuté dans les années 1970 mais avec un train de retard sur les hommes...

En tout cas, la démarche de Kanako Otsuji  est courageuse. A 32 ans, elle défie une classe politique largement masculine et une société très conformiste.  Elle dit recevoir des centaines de messages d'encouragement. En 2005, alors jeune élue du conseil départementale d'Osaka, elle a publié un livre : Coming out : mon itinéraire. A l'occasion de sa campagne, la traduction de La Vie, passionnément, du maire de Paris, Bertrand Delanoë, vient d'être publiée... Alors, le Japon serait il enfin sur la voie de l'"ouverture"? (source Le Monde)

Publié dans LE MONDE

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